Aeliana est née de la noblesse eldorienne, sa lignée est aussi ancienne que les falaises qui ont subi la colère de l'océan. Dès son plus jeune âge, elle a manifesté une affinité pour les éléments, une puissance innée qui bourdonnait sous sa peau, aussi féroce que les cieux orageux et aussi agitée que les marées. Son cœur, disaient-ils, était entrelacé avec le tissu magique qui maintenait le monde uni.
Son compagnon, Pyrrhus, était un ancien dragon, dont l'existence était liée aux mythes mêmes que les enfants d'Eldoria murmuraient sous le ciel étoilé. Avec des ailes qui capturaient les teintes du soleil couchant et des yeux qui retenaient la profondeur de l'abîme, il était un gardien de force et de loyauté, lié à Aeliana par un ancien enchantement et une amitié forgée dans le feu.
La mer d'Eldoria, autrefois berceau de ses marins et explorateurs, s'était transformée en une bête furieuse. L'Orbe des Marées, un joyau d'une immense puissance qui maintenait l'équilibre de la mer, avait été volé, et en son absence, les océans rugissaient d'une rage indomptable. Les navires se brisèrent contre les rochers et l'appel des profondeurs fut réduit au silence par le hurlement de la tempête.
Vêtue d'une robe qui reflétait le cœur d'un volcan – des rouges profonds et des ors chatoyants, avec des motifs qui racontaient l'histoire de son peuple – Aeliana se tenait sur le rivage. Le vent jouait avec ses cheveux et le sel marin embrassait ses joues, mais son regard était inébranlable, fixé sur l'horizon, où les nuages sombres se rassemblaient comme une armée d'antan.
Avec Pyrrhus à ses côtés, sa balance un phare au milieu du monde grisonnant, Aéliana commença l'incantation. Des mots de pouvoir, plus vieux que les falaises, plus vieux que le vent, sortaient de ses lèvres, une symphonie qui s'élevait au-dessus du rugissement des vagues. Le dragon se joignit à lui, un grognement profond et résonnant qui s'harmonisait avec sa mélodie, leur magie s'entrelaçant et s'étendant jusqu'au cœur de la mer.
La tempête répondit, une danse d'éclairs et de tonnerre, une valse chaotique qui mit leur détermination à l'épreuve. Mais Aéliana était inflexible, sa voix sonnait comme une cloche dans la tempête, claire et vraie. Alors que le sort atteignait son crescendo, les vagues commencèrent à se séparer, révélant un chemin d'écume et de brume tourbillonnantes, menant vers l'inconnu.
Avec une lueur déterminée dans les yeux et la puissance de son ascendance alimentant son esprit, Aeliana s'avança sur le chemin, l'ourlet de sa robe traînant derrière elle comme les flammes d'un phénix. Pyrrhus le suivit, sa présence étant une promesse réconfortante de protection.
Ils pénétrèrent au cœur de la tempête, où les attendait l'Orbe, gardé par des spectres d'eau et de colère. On disait que seul un cœur connaissant à la fois les profondeurs de l’amour et du chagrin pouvait récupérer l’Orbe. Aeliana, avec son âme liée à l'essence même d'Eldoria, et son dragon gardien, bête à la fois terrestre et céleste, affrontèrent les gardiens de l'Orbe avec la force de leur lien et le feu de leur courage.
Alors que le monde regardait en retenant son souffle, l'Enchanteresse Pourpre tendit la main et saisit l'Orbe. Une lumière pure et aveuglante jaillit de la gemme, tombant en cascade sur les mers et calmant les eaux déchaînées. Le ciel s'éclaircit, le soleil perçant les nuages, baignant à nouveau Eldoria dans une lueur dorée.
Les mers étaient silencieuses, les vents se sont calmés et une paix oubliée depuis longtemps s'est installée sur la terre. Aeliana et Pyrrhus, leur tâche accomplie, retournèrent vers leur peuple, leur légende gravée à jamais dans l'âme d'Eldoria. L'Enchanteresse et son dragon avaient tissé une histoire non pas de conquête, mais d'harmonie, rappelant que même dans la fureur de la tempête, il existe un espoir aussi durable que la mer elle-même.